Avril 2017, à cette époque ou la course à pied n'est pour moi qu'un vaste un truc peu familier, je suis alors à un mariage, bien entouré (ou pas!), la soirée se déroule parfaitement, on enquille un nombre certain mais délicieux verres de vins, et d'un coup, c'est le drame! Mon pote de Saint Etienne, assis à coté de moi me lance, Max, la Saintelyon, jamais tu ne l'a finie!
Evidemment, même si je cours très peu à cette période là, j'ai déjà entendu parler de cette épreuve. En très peu de mots: Course, de nuit, dans le froid, 72 km (a cette époque c'était la distance) afin de relier Saint Etienne à la ville des lumières: Lyon. La lumière, en l'occurence je ne l'avais pas à tous les étages, lorsque, piqué dans mon orgueil, je réponds: Peux être pas cette année, mais je le ferais ta course!
Ainsi, dès le lendemain de ce fameux mariage, alors que beaucoup auraient prétexté l'abus d'alcool pour se défiler, je me remets à courir. 5km, 10km.... j'en chie! Mais ne lâche rien.
Hiver 2017, premiers trails d'une quinzaine de km, notamment le trail du Loup Blanc à Guéret ou celui de Saint Héand en région Stephanoise chez mon pote. Je finis ces trails difficilement, mais motivé comme jamais. J'augmente ainsi les distances, printemps 2018 je participe au Nord Trail Monts des Flandres 25km, là aussi dans la difficulté, et m'inscris dans la foulée au Marathon du Larzac aux templiers: 37km puis à la Saintexpress, version courte de la Saintelyon sur 44km afin de prendre part à une partie du défi.
Le Marathon du Larzac se termine dans le dur, mais bien, fier comme jamais et encore plus motivé pour la Saintexpress 1 mois et demi plus tard. Fin novembre 2018, plus que 3 jours avant la Saintexpress, alors que la prépa se termine, c'est le drame, une entorse au boulot. Pas de Saintexpress.
2019 Je reprends l'entrainement et m'inscris à quelques courses au Printemps. 42km Nord Trail Monts des Flandres et même distance pour l'UTPMA à Aurillac où je termine finisher. Juste après l'UTPMA, je gagne un dossard pour le trail des passerelles de Monteynard, 65km, 3300m de D+ près de Grenoble. Alors là c'est le gros morceau, pas forcemment prévu mais je relève le défi. Au final, malgré des jambes bien présentes au rendez vous, je suis arrété par la barrière horaire au 50 ème km, après 10h20 de cours, il fallait passer avant 10h de course. Frustrant
D'autant plus que sans cette BH, j'allais au bout.
Dernier gros objectif de 2019, l'intégrale des Causses aux Templiers: 66km, 3300 de D+. A ce moment là, j'oublie la Saintelyon, je terminerais la saison sur cette objectif, je sais que je ne pourrais enchaîner les deux courses.
Finalement, sur ces templiers rien ne se passe comme prévu, abandon au 37ème kilomètre à cause d'une blessure au talon, verdict, aponévrosite plantaire. Fin du game pour 2019. Je suis frustré, encore un abandon, pour cause de blessure, je n'y peux rien, c'est la fatalité, mais c'est dur! Je décide alors de prendre un repos bien mérité pour attaquer une nouvelle saison 2020 frais comme un gardon.
Jusque là, tout allait bien, mais 10 jours après ce dernier echec, le destin se rappelle à moi, et le sort décide que je ne m'arrêterais pas là cette année. je remporte un dossard pour.... La Saintelyon! Un signe du destin, il me reste alors 3 semaines avant l'échéance. faudra pas chaumer pour arriver au bout de ce défi!
30 Novembre, on y est! Motivé comme jamais je prends le départ de la Saintelyon.
21h45, j'arrive a Saint Etienne, le départ sera donné à 23h30. Motivé comme jamais, un mental d'acier, rien ne pourra m'arriver. Je sais que les conditions seront extrêmes, ils annoncent de la flotte toute la nuit.
Je m'installe au départ, je ne suis pas loin de l'arche, mais la première vague ne sera pas sûrement pas pour moi. au final, je me retrouverais en toute première ligne du 3ème sas de départ pour un départ à 23h50. Je suis chaud!
Départ -->> Km 17 premier ravito Saint Christo en JarrezLe départ est lancé, je sais que les premiers kilomètres dans Saint Etienne sont roulant mais j'ai prévu de partir tranquillement à 6 minutes au kilomètre afin d'en garder sous le pied. Evidemment, le fait de me retrouver en première ligne me fait partir plus vite que prévu à 5.30 au kil.
Sur cette première partie je me sens plutôt pas mal, la pluie fait son apparition au kilomètre 6, elle nous quittera plus. Très vite les chemins deviennent particulièrement gras, j'avance prudemment afin d'éviter la blessure bête. Malgré le monde (près de 6.000 coureurs au départ) ca ne bouchonne pas. J'arrive ainsi au premier ravito, trempé mais avec encore un moral au top. Ce premier ravito est blindé, c'était prévu, je ne m'arrête donc que pour recharger mes flasques et ne pas perdre de temps. Je mange alors une barre de mes réserves.
Saint Christo en Jarrez -->> Sainte Catherine km 33Petit à petit, je me retrouve complètement trempé, et le froid me gagne. Kilomètre 25, le brouillard fait son apparition, difficile d'y voir quelque chose à la frontale, je baisse d'ailleurs l'intensité de 400 à 200 Lumens pour éviter de me retrouver avec un rideau blanc en face de moi. La visibilité est précaire, mais avec le monde sur la course, pas besoin d'un éclairage puissant de toute façon. Je continue mon bonhomme de chemin, un panneau affiche 55km restants. Peu de temps après un public a installer un camp avec musique et un feu. Je m'arrete 5mn autour de feu, tout comme d'autres coureurs pour me réchauffer. J'ai le temps, au premier ravito j'avais 1h45 d'avance sur la barrière horaire, puis je repars, un peu avant le ravito de Sainte Catherine je vois le panneau 50km restants, ces 5km m'ont parrut interminable, mais j'avance encore plutot bien. Dans la descente qui précède le ravito, je double même un bon nombre de personnes même si je ne suis qu'en marche rapide. Je suis pressé d'arriver au ravito pour me poser une dizaine de minutes et me réchauffer, sauf que c'est la douche froide, sans mauvais jeu de mots. ce ravito, contrairement au précédent n'est pas couvert et chauffé, mais est en extérieur en plein vent. Le moral en prend un coup. Je m'arrête deux minutes chrono pour manger un bout et repartir. 2 Minutes aura été trop, je repars encore plus transi de froid, je ne sens plus mes doigts car mes gants sont détrempés, je commence à grelotter. Je continue à avancer sur un petit kilomètre mais rien n'y fait. La tête n'y est définitivement plus, le prochain gros ravito est à 22km. J'ai envie de continuer évidemment, mais 22km dans ces conditions ca peux être interminable. 1 Minute me suffise à prendre ma décision, je repense alors à toutes les raisons qui me font aimer le trail et pourquoi je le fais, et clairement, ces conditions n'en font pas partie. Je ne trouve aucun intérêt à continuer dans ces conditions. Retour au ravito pour abandonner. Je rejoins la tente chauffé des abandons, elles est blindée de monde. Sur ce ravito, c'est l'hécatombe au niveau des abandons. En attendant la navette retour, je sors ma couverture de survie, comme l'ensemble des autres coureurs présents, pour me réchauffer. D'un coup mouvement de foule vers la sortie, je sais que c'est parce qu'un bus vient d'arriver, je sais aussi qu'il n'y aura pas de places pour tous le monde, je tape alors un sprint jusqu'au bus, preuve il en est que les jambes étaient pourtant là. C'est la cohue pour monter dans le bus, mais finis par monter dedans: il reste plus qu'une place, elle est pour moi!
Je ne suis pas sur la photo ci dessus, mais c'est ainsi que nous arrivons à la Halle Tony Garnier. Cette arrivée à la halle Tony Garnier, je l'ai rêvée, mais jamais imaginée ainsi. Je me dépêche de rentrer dans la halle pour me réchauffer, récupérer mes affaires de rechange et me doucher. Ensuite, je prends le repas et bois deux bières, il est 7h30, mais elles sont salvatrices!
Je me pose ensuite pour dormir et attendre l'arrivée de mon pote vers midi, qui lui finira tel un warrior la Lyon Saintelyon soit 152km et 4200m de D+!
Je n'ai au final absolument aucun regret de cet abandons, cette édition s’avérera avoir été l'une des plus dantesques de ces dernières années. Et quand je vois des photos comme celle d'après, au final, en ayant arrêté à Sainte Catherine, j'ai évité le pire en terme de boue! J'aurais fait malgré tout une belle petite ballade nocturne de 34km et un peu plus de 1000 de D+